Je ne voulais la rater sous aucun prétexte, et enfin je l'ai vu, la rétrospective Richard Avedon au Jeu de Paume.
En fait et en y réfléchissant bien, je me dis que tout le monde a en mémoire au moins une photo d'Avedon.
Qu'il s'agisse d'un cliché de mode ou d'un portrait de personnalité connue, la facture de ce photographe majeur du XXème siècle nous est on ne peut plus familière.
Tout au long du parcours, nous découvrons 270 oeuvres toutes magnifiques et pourtant, seule la quarantaine de tirages consacrés à "In the american west" m'a totalement subjugué, voire transporté.
Autant de portraits géants retraçant la vie toute simple d'une amérique profonde.
J'aime la photo qui ne ment pas, celle qui ne cherche pas à magnifier mais qui met au contraire l'être humain face à sa condition.
La vie réelle en quelque sorte ou rien ne manque, rides, différences, assymatries du visages, tâches.
Tout ce qui rend la personne unique et qui aux yeux des autres peut sembler être un défaut majeur.
Un portrait m'a particulièrement touché, celui d'une serveuse d'une cinquantaine d'années qui m'a saisi aux os quand je suis passée à côté d'elle.
Je l'ai regardé, regardé, j'ai essayé de la quitter mais rien n'y fit, elle m'avait transpercé.
Tant et si bien que j'ai eu l'impression qu'elle allait sortir de son cadre pour venir à mes côtés dans la pièce (c'est dire la réalité du travail d'Avedon).
J'ai finalement réussi à changer de pièce...pour revenir en arrière face à ma serveuse quelques minutes plus tard.
Surprise par ma réaction, j'en ai parlé à chéri chéri, l'ai amené face à ma nouvelle amie.
Quand mon homme, observateur sans limites, m'a réussi à élucider mon mystère en me déclarant : "mais, c'est normal que tu sois dans cet état là, cette femme, on dirait Tata".
(ndlr, tata est ma nanny tout simplement).
Alors oui, pour moi Avedon restera l'homme de l'humanité simple, celle qui ne cache rien, ni une condition humaine difficile, ni une maladie quelconque.
Avedon est un révélateur de la simplicité voila tout.
Roberto Lopez, ouvrier sur un gisement pétrolifère
Lyons, Texas, 28 septembre 1980.
Photographie extraite de la série In the American West
Richard Avedon
© 2008 the Richard Avedon Foundation
lors de mon dernier séjour parisien, j'avais prévu d'aller voir cette expo mais j'ai eu un imprévu et j'ai du annuler...au moins grâce à toi je l'ai vu par procuration ! ça avait l'air vraiment bien !
Rédigé par : chocoladdict | 29/09/2008 à 16:05
Je confirme et renchéris : cette expo est bluffante. Pour ma part, c'est la photo de Marguerite Duras qui m'a stupéfiée : à la foi drôle, fragile et espiègle (sur ce lien, 8ème photo en partant du haut : http://www.nikohk.com/2007/10/13/richard-avedon-photographe/)
La représentation d'une personne, plus que celle d'un personnage. Bref, j'ai été très touchée par cette expo, et comprends ton émotion :-)
Rédigé par : Nanou | 29/09/2008 à 17:04
@ chocoladdict : je suis ravie d'avoir partagé avec toi ce pur moment d'exception par procuration :-)
@ Nanou : je suis heureuse que nous ayons vécu la même émotion.
Rédigé par : sophie Kune | 30/09/2008 à 16:22
Hello Sophie,
J'ai vu cette expo la semaine dernière et j'ai était tout autant transporté. Les photographies de mode sont magnifiques mais les portraits de personnes du "quotidien" sont frappants. Je mets les guillemets parce qu'on ne croise pas partout des hommes bossant sur des pétroliers ou à la mine. Celle qui m'a frappé et celle de l'enfant avec l'arme.A bientôt ;-)
Rédigé par : Eulalie | 01/10/2008 à 19:12